L’artiste basque Andrés Nagel est exposé jusqu’au Musée des Beaux-Arts de Bilbao jusqu’au 11 janvier 2016, après un don fait par un prestigieux marchant d’art d’un Américain d’origine basque.
Le Musée des Beaux-Arts de Bilbao présente dans une exposition temporaire une trentaine d’oeuvres de l’artiste basque Andrés Nagel (Donostia-San Sebastian, né en 1947), récemment entrées dans la collection du musée grâce au généreux don de José Tasende, un Américain d’origine basque, fondateur de la prestigieuse galerie d’art Tasende Gallery à La Jolla (Californie).
Un marchand d’art qui donne des oeuvres d’art à un musée au lieu de les vendre à ses clients… Cela n’est sans doute pas le scénario habituel.
Faut-il entendre par cette opération que l’artiste concerné a perdu sa valeur commerciale ? Ou, au contraire, que le galeriste cherche à revaloriser et à consacrer davantage l’oeuvre de l’artiste en l’offrant, et en le faisant exposer dans un des meilleurs musées de la Péninsule ibérique ? Ou faut-il y voir l’action d’un marchand d’art qui prépare sa retraite et veut clore une étape ?
Sans en dévoiler le mystère, lors d’une conférence de presse au musée, José Tasende a préféré évoquer sa mère, originaire de Bilbao, avec qui il avait abandonné le Pays Basque en 1946 et qui admirait tellement le Musée des Beaux-Arts.
C’est donc pour rendre hommage à elle qu’il aurait fait le don.
Et il n’est pas le seul : sur les 15 dernières années, les oeuvres données représentent une valeur estimée à plus de 10 millions d’euros, soit 52% de la totalité des œuvres acquises par le musée, selon Nekane Alonso, conseillère municipale déléguée à la Culture de la Ville de Bilbao.
Au-delà de la philanthropie, il faut ajouter aussi que “Nagel n’est pas un artiste commercial, il ne fait aucune concession au public”, ce qui rend plus difficile la promotion de son oeuvre, a reconnu le galeriste, qui a promu et diffusé l’oeuvre de l’artiste donostiar – tout comme celle de nombreux autres artistes basques, dont Eduardo Chillida – pendant plus de 20 ans aux États-Unis.
« S’il n’a pas la dimension d’un Baselich ou d’un Kiefer, c’est parce que Nagel n’est pas allemand, et ça limite beaucoup les possibilités de diffusion de son oeuvre,” a-t-il dit. Et d’ajouter aussitôt: “avec le temps, il sera considéré comme un des plus importants expressionnistes”.
C’est donc avec une grande satisfaction que Javier Viar, directeur du musée, a présenté l’exposition des oeuvres données, ouverte au public jusqu’au 11 janvier 2016.
Au total, 34 oeuvres ont été rassemblées dans la salle 33, réalisées toutes dans les années 1980 et 1990 : 16 pièces de technique mixte et huile sur polyester et fibre de verre, et 18 collages sur gravure.
Une exposition qui illustre l’imagination “indescriptible” que José Tasende a tant aimée, cette imagination “qui lui a fait voir des choses que moi, je ne voyais pas, même si je les avais devant moi”, a-t-il confié.
Et qui montre le Nagel plus coloriste et burlesque. La plupart des créations exposées recueillent un monde complexe de références contemporaines en provenance du cinéma, de la bande dessinée, de la publicité, mais aussi de l’art ancien.
Andrés Nagel déconcerte le spectateur en présentant une narration du quotidien ironique, burlesque ou ouvertement absurde.
Il est “très sensible au contexte social vis-à-vis duquel il n’hésite pas à se montrer très critique. Il choisit pour sujets, des êtres, des choses, des situations quotidiennes identifiables, quoique souvent radicalement repensées et connotées d’intention satiriques ou fantastiques,” selon Edward Lucie-Smith, auteur d’une monographie consacrée à l’artiste, Nagel (édité par Cercle d’art, 1992).
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