La Ville d’Anglet accueille le sculpteur basque Ttitto Aguerre à la villa Beatrix Enea du 7 mars au 4 avril 2015, pour un partage très convaincant des formes épurées de ses « limites » (Mugak).
Au milieu de ses sculptures, lors de la présentation à la presse de son exposition Mugak II (« Limites », en basque), Ttitto Aguerre ne sait pas exactement où se positionner face à ses premiers spectateurs.
Pas plus qu’il ne sait vraiment répondre aux questions commençant par « Pourquoi… ? » ou « Qui êtes-vous ? », il voudrait sans doute que ce travail parle pour lui, et se suffise en lui-même.
Assemblages de formes simplifiées par épuration, dans le bois, l’acier, l’albâtre, le papier, le cuivre, presque en faux-semblant : la géométrie des ensembles a été pensée pour laisser passer la lumière, surtout ne pas l’arrêter.
La voir se refléter dans un angle, dans un creux, dans un vide laissé la curiosité de ceux qui les découvriront jusqu’au 4 avril 2015 à la Villa Beatrix Enea d’Anglet, en partenariat avec l’Institut Culturel Basque.
Il sait qu’il lui faudrait parler. Expliquer comment, dans une trajectoire de vie qui ne le destinait en rien à cela, il a senti en lui l’âge de faire.
Il évoque l’acte fondateur, la rénovation d’une ville bâtisse familiale. Le contact retrouvé avec la matière, « un état particulier de conscience ». Le moment où il faut choisir quoi garder, quoi jeter. Et quoi continuer de contempler, les yeux dans le vide.
C’était il y a une grosse dizaine d’années, il n’a plus fini de « rôder autour des matières », d’éprouver sa fascination pour elles.
Il se définit comme un autodidacte, il n’a pas osé prononcer le mot « artisan ».
Il confesse ne pas avoir entamé ce voyage sculptural par mimétisme sur les traces de Chillida ou Oteiza, qu’il a réellement découvert « sur le tard, trop tard, même ».
La question n’est pas de le croire ou pas, la sincérité du propos rejoint à l’évidence l’épure de ses recherches, « j’ai le sentiment que, de toute façon, chaque création n’est que ré-interprétation ».
Ses yeux n’ont d’ailleurs pas fini de contempler ce travail, exposé sous sa forme Mugak I à St Jean Pied de Port en octobre dernier, quand le Mugak III est prévu cet été dans l’accueillant Centre Culturel Larraldea, réchauffé par le désir de la Brigade Contemporaine.
Il voudrait quitter la pièce, ne plus avoir à répondre, Ttitto Aguerre sait qu’il ne pourra pas totalement répondre par ces mots, « pulsions », « réconfort », « désir », « équilibre », qu’il a en tête.
Un peu plus tard, dans le soulagement d’en avoir fini, il confie s’être senti comme le barrage de St Pée sur Nivelle, où il réside aujourd’hui : « l’eau monte, monte, jusqu’à la limite de ce que le barrage peut contenir. Alors, là, tu sens que c’est le moment d’ouvrir les vannes. Et de libérer ce qui était derrière ».
Sa limite à lui, il la travaille autant que le bois ou le fer, « choisir de façonner ceci ou cela, enlever, compléter, avec cet aspect irréversible dès lors qu’on a enlevé de la matière, on ne peut pas revenir en arrière ».
C’est bien le seul risque qu’il a devant lui, cette impossibilité de « revenir en arrière », qu’il a acceptée.
A ce que l’on peut voir de ces 50 sculptures, dans les 3 salles qui lui ont été ouvertes par Anglet, le chemin retour, sans sculpture, lui est impossible, ceux qui découvriront son travail en tireront un plaisir sans limites.
Exposition du 7 mars au 4 avril 2015
Entrée libre du mardi au samedi, de 10h à 12h et de 14h à 18h
Villa Beatrix Enea, 2 rue Albert-le-Barillier, Anglet
Vernissage le samedi 7 mars à 17h30, en compagnie de Thierry Biscay, accompagné de Ana Belen Garcia à la txalparta
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